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Le « pile et face » de Laura Capazza-Durand, galeriste à Nancay

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[INTERVIEW]

Le « pile et face » de Laura Capazza-Durand, galeriste à Nancay

Laura Capazza-Durand est galeriste à Nancay depuis 13 ans. Elle confie que son métier, c’est finalement bien plus qu’une activité, c’est l’histoire d’un choix de vie. D’abord celui de ses parents, puis le sien. Côté pile, côté face, son histoire professionnelle et personnelle ne font finalement qu’un…

« Il est difficile de dissocier le côté pro du côté perso de mon histoire. Les deux sont liés. Les porosités sont permanentes. Mes parents étaient animés par la passion, portés par un projet qui était un tout. La galerie a fait partie de notre vie à tous et de la mienne particulièrement.

Equipe Galerie Capazza avec Laura en bas au centre ©Julie Beal

 

Côté pile, côté pro

J’ai passé mon BAC littéraire à Vierzon et je suis partie faire mes études à Bordeaux. J’ai commencé par hypokhâgne, car j’étais passionnée de lettres, de langues, de philosophie et d’art. L’idée, c’était de commencer par quelque chose de large avant de définir mon projet professionnel en devenir et en filigrane, de revenir dans le projet familial. J’avais, à l’époque besoin d’être certaine de ma voie par choix, et sans pression de mes parents. C’était important pour moi, en tant que jeune adulte, de voir ce qui se passait ailleurs…

Je suis partie pour Barcelone, ville extraordinaire pour y étudier. Je prenais des cours par correspondance pour valider une licence de LEA. En parallèle, je rendais service à un sculpteur et touchais ainsi l’art du bout des doigts. Ensuite, je suis revenue à Bordeaux, pour faire un master en management dans la perspective éventuelle de rejoindre la galerie à Nancay, mais avec la maîtrise des chiffres, des RH et de la gestion d’une entreprise.

C’est à cette période que j’ai eu la chance de croiser Denis, aujourd’hui mon époux. C’est grâce à cette rencontre que j’ai pu envisager de prendre la suite de mes parents. Nous nous projetions de manière théorique, mais impossible de savoir si cette histoire était la nôtre sans se lancer à notre tour dans l’aventure.

« Derrière le rideau, les efforts sont permanents »

Je suis née, l’histoire avait déjà commencé. Être la seconde génération est une vraie chance. Quand je suis arrivée, l’histoire avait un socle solide, une reconnaissance, une renommée et des portes ouvertes. J’avais cette pression de devoir être à la hauteur et de continuer à développer la galerie tout en restant fidèle à l’esprit que mes parents avaient donné à ce lieu. Depuis 13 ans j’ai eu le temps d’absorber l’histoire, de la digérer peut-être, puis de la transformer en fonction de qui nous sommes tous aujourd’hui.

Derrière le rideau, les efforts sont permanents. C’est une activité avec beaucoup d’incertitudes dans la manière de voir l’avenir. Nous savons espérer, proposer et mettre une énergie farouche à développer des projets, à développer la curiosité pour tous les récepteurs.

Chaque année, il faut recommencer à zéro, anticiper pour faire face à l’année d’après. Cela sous-entend une implication totale, car la machine doit être nourrie H 24.

Nous avons vécu deux années particulières, nous avons pris beaucoup de risques, mais nous sommes très satisfaits. Nous sommes toujours là et plutôt bien là.

Galerie Capazza ©Galerie Capazza

 

Côté face, côté perso

Selon le mythe, c’est en partie ma naissance qui a donné l’envie à mes parents de faire évoluer les lieux, comme installer le chauffage par exemple. Auparavant, ils vivaient de manière modeste. J’ai vu le bâtiment évoluer et dès le départ, je savais que je vivais quelque chose hors normes. Je me souviens de murs sans toitures et d’un immense tas de sable comme terrain de jeux. Ces lieux ont marqué mon enfance. Pour moi, c’était magique. Je sentais un décalage flagrant avec ce que vivaient mes camarades d’école.

L’ambiance à la maison, c’était galerie, galerie et galerie. C’était génial ! C’était beaucoup de diners avec des gens extraordinaires, d’une richesse incroyable. On apprend à pas trop se faire remarquer pour rester au milieu des adultes, regarder et apprendre. Quand on est enfant dans ce milieu, on vit de vraies relations d’affection. On se fait choyer, dorloter, ce n’est pas désagréable j’avoue. Cette chance induit cependant une certaine forme de solitude. C’est difficile de partager ce genre d’émotions et de vécus avec les autres enfants de son âge.

« Les rapports humains sont le socle de notre histoire »

J’ai toujours participé à ces rencontres et aux vernissages. J’y ai contribué assez vite, à ma mesure bien sûr. Cela faisait partie intégrante de ce que l’on partageait avec mes parents.

Vers l’âge de 10 ans j’ai même dessiné un plan de la maison avec une suite et des chambres.

Les liens tissés sont très forts, que ce soit avec la famille, les amis ou encore les artistes. Les rapports humains sont le socle de notre histoire. J’espère pouvoir continuer à émouvoir, à partager et à affirmer que, sans les relations humaines, la vie n’aurait pas de sens. Avec tout ce que l’on traverse aujourd’hui, les hommes devraient recentrer leurs objectifs, leurs désirs et prendre conscience de l’importance des relations humaines. Modestement, j’espère que la galerie, contribuera à aller dans ce sens. »

Avec l’expérience, que diriez-vous aujourd’hui à la professionnelle que vous êtes ?

Ne lâche rien, jamais. Continue de croire, parce que cette aventure est une croyance. Sois persuadée que le genre humain va progresser. Surtout, ne cesse pas d’y croire quelles que soient les aventures qui se présenteront et les constats futurs. »

Avec le recul, que diriez-vous à l’enfant que vous étiez ?

« Sois encore plus curieuse et plus acharnée. Ce n’est pas parce que tu as des facilités à l’école, qu’il ne faut pas travailler plus pour aller encore plus loin… Trouve l’équilibre entre l’effort et la qualité de vie, pour ne jamais avoir de regrets. »

Galerie CAPAZZA

1 rue des Faubourgs – 18330 NANÇAY

contact@galerie-capazza.com – 02 48 51 80 22 / 02 48 51 83 27

www.galerie-capazza.com

Jennifer ROUMET, ARTÉCRIRE, pour HUB TECH CVL