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« pile et face » Christophe MATHO, Secrétaire général de Bourges Plus

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[INTERVIEW]

Le « pile et face » de Christophe MATHO, Secrétaire général de Bourges Plus 

Un pied dans le privé, un pied dans le public. Un pied dans le Cher, un pied dans le Loir-et-Cher. Découvrez le parcours pro et la face perso de Christophe MATHO, Secrétaire général de la Communauté d’Agglomération Bourges Plus.

Côté pile, côté pro

« Je suis allé à la fac de droit d’Orléans, jusqu’au doctorat en « Droit des collectivités locales » que je n’ai pas soutenu, car j’ai été embauché dans un cabinet d’avocats.

Après cette expérience, je suis entré dans la fonction publique Territoriale, comme juriste. J’ai monté, ensuite, une agence de développement économique dans le Sud du Loir-et-Cher dans le domaine de la reconversion des industries de défense.

Toujours dans le public, en 2008, je suis devenu Directeur Général des Services à la Ville de Salbris.

« J’ai sauté le pas pour me lancer dans le monde passionnant de l’édition »

Deux ans plus tard, j’ai sauté le pas pour me lancer dans le monde passionnant de l’édition : je rachète le journal « Le Petit Solognot » en reprenant l’entreprise CPE, je monte une maison d’édition du nom de « Marivole » et j’enchaîne avec la création du « Petit Berrichon » et du syndicat de la presse gratuite d’information imprimée, le SPGII. CPE devient en parallèle, le leader français de la publication d’almanach de terroir.

En 2015, mon distributeur de livres me plante et me laisse une grosse ardoise. Je le reprends à la barre du tribunal pour le compte de Centre France. Je pilote alors pendant 3 ans cette maison d’édition, De Borée, et répartis mon temps entre Clermont-Ferrand, Paris et Romorantin où est située mon entreprise.

Début 2017, le groupe Ramsay souhaite m’embaucher et je leur propose de reprendre mon entreprise. Je deviens alors directeur éditorial, salarié des éditions Ramsay jusqu’à la crise sanitaire de mars 2020.

« À Bourges Plus, j’ai une mission transverse »

En sortie de confinement, les déplacements me pèsent. Je n’ai plus envie de monter à Paris, du métro, du RER… Et je quitte Ramsay. C’est là que j’ai la proposition d’Irène Felix de l’accompagner dans son mandat de Présidente de l’Agglomération de Bourges. Bourges, c’est la ville où j’ai grandi. Je suis né à Bourges, je suis allé à l’école à Bourges. C’est comme cela, aujourd’hui, que j’ai retrouvé la passion de travailler, pour ma ville de cœur…

Auprès de la Présidente, j’ai des missions de cabinet et de relations avec les services. Je suis le cadre référent des élus et œuvre à faciliter la coopération entre les communes. À Bourges Plus, j’ai une mission transverse. Les dossiers sont instruits par les services, et j’ai un rôle de veille, de coordination, d’aide de mise en situation pour aider la Présidente à prendre ses décisions.

« J’ai fait le choix de rentrer chez moi »

Dans mon parcours pro, ce qui m’a le plus marqué, c’est de découvrir l’édition, les critiques littéraires, l’économie du livre, la partie cachée du modèle économique qui est si particulier.

Vous saviez que les livres n’étaient pas vendus définitivement, mais avec retours d’invendus ? 40 % des livres imprimés sont détruits… C’est l’économie culturelle la moins écolo qui soit. Les gros éditeurs sont en train de broyer les plus petits avec un effet de « marque » avec des auteurs vedettes qui vont vendre des livres par centaines de milliers. Après le confinement, pour garder leur marge, ils ont précipité les sorties de tous les auteurs « réputés » en saturant le marché avec des best-sellers. Le modèle ne favorise plus la production littéraire, mais la production marketing et tue la littérature. L’enjeu, ce n’est plus comment l’œuvre est écrite, mais comment elle est emballée.

Ce monde est fascinant, mais finalement, j’ai fait le choix de rentrer chez moi.

Côté face, côté perso

J’ai grandi dans le Cher, à Bourges, à Saint-Amand-Montrond et à Dun-sur-Auron. Aujourd’hui, j’ai un pied dans l’extrême Nord du Berry à Salbris et, dans le Sud, à Lourdoueix-Saint-Michel où j’ai une maison de campagne. Je suis marié et j’ai 4 enfants :  2 filles et 2 garçons de 19, 17, 12 et 7 ans. Les rythmes sont différents et la pression sur les parents aussi !

« Mon roman, ORAZIO, est un roman de terroir »

J’ai écrit un roman, plusieurs beaux livres et une dizaine d’ouvrages sur les traditions populaires, et notamment celles du Berry. Mon roman, ORAZIO, est un roman de terroir sur les meneux de loups. Il est arrivé en librairie en 2020, le jour même où le Président de la République a décidé le confinement… Pas de promo, pas de dédicace…

Je suis un passionné des traditions populaires du Berry. J’ai une bibliothèque de contes conséquente, des documents et des tonnes d’infos numérisées… J’ai à peu près tout ce qui a été écrit sur le sujet. Je dois avoir près de 300 contes des « Veillées berrichonnes ». J’ai en cours plusieurs romans, mais j’ai du mal à y consacrer du temps actuellement. En général, j’écris vite, mais j’ai quand même besoin d’au moins un mois de concentration complet. Alors, en ce moment, j’aide plutôt des amis à finaliser leurs ouvrages.

« On me voit souvent comme un ovni »

L’histoire du Berry est une passion et j’avoue que de revenir dans sa ville 30 ans après, c’est bizarre. Les mentalités ont changé, ainsi que le sens des rues, les centres d’intérêts… Je retrouve Bourges différente. Elle a changé, sans jugement de valeur. On voit la trace du temps quand on ne vit pas une ville au quotidien… Je suis frappé de ce mouvement vers le Nord. Mes camarades de collège et de lycée sont partis vers Orléans, Tours ou Paris. D’autres du Limousin ou d’Allier sont arrivés à Bourges. En revenant ici, je pensais retrouver plus de gens de ma génération.

On me voit souvent comme un ovni de passer du public au privé. Ce n’est pas dans les mentalités françaises de faire des choses différentes dans son parcours. Je me régale des regards amusés. Le rapport au temps me fascine :  le privé met longtemps à prendre une décision, mais l’applique rapidement. C’est l‘inverse dans le public.

Sinon, je suis un fan de pêche à la truite. J’aime la balade. Je prends un petit cours d’eau, des petits ruisseaux et je remonte sur plusieurs kilomètres. Je cherche des coins cachés, des petits spots pour pêcher la truite. J’aime la montagne, la plaine, tous les endroits inaccessibles. C’est sportif parfois. J’y vais souvent seul, avec des copains ou avec mes enfants. ».

Avec l’expérience, que diriez-vous aujourd’hui au jeune professionnel que vous étiez ?

« Profite de la vie ! »

Avec le recul, que diriez-vous à l’enfant que vous étiez ?

« Travaille à l’école ! »


Interview de Jennifer Roumet d’Artécrire pour Hub Tech Centre Val de Loire