La fabuleuse histoire de José Martinez…
José Martinez est entré chez Solen Angels il y a quelques temps pour créer son atelier de réparation électronique. Originaire du Salvador, ce dernier a une histoire peu commune, comme celles qu’on découvre dans les films ou dans les livres. La preuve…
Nous sommes en 2020, au Salvador, plus petit pays d’Amérique centrale. José Martinez y coule des jours heureux. Il a un bon job – ingénieur en électronique – une famille, des moyens de profiter de la vie. Tout pour être heureux quoi.
Les prochaines vacances sont planifiées, en l’occurrence une escapade en France pour faire découvrir Disneyland aux deux enfants, lorsque la machine à bonheur va se gripper subitement.
Un aller sans retour
Le Salvador n’est en effet pas seulement un pays réputé pour ses plages sur l’océan Pacifique, ses spots de surf et ses paysages montagneux. C’est aussi une terre où les gangs règnent en maître, au mépris de la loi et des autorités.
Et c’est un membre de l’une de ces bandes qui pose un jour froidement un pistolet sur la tempe de José. Il a jeté son dévolu sur sa fille et impose tout simplement à José de la lui céder pour se marier avec.
José n’est bien entendu pas d’accord, mais il sait qu’on ne résiste pas bien longtemps à ce genre de type, ou alors on le paie de sa vie.
Il gamberge rapidement sur les solutions pour sortir de ce traquenard… et il va décider, avec son épouse, de profiter du très prochain voyage à Paris pour émigrer en France. Ce qui ne devait être qu’une destination de vacances se transformait subitement en une nouvelle terre d’accueil.
Le jour J, lorsqu’ils mettent le pied dans l’aéroport avec leurs deux valises pour quatre, pour ne pas attirer l’attention, José et sa famille savent qu’ils s’embarquent pour un voyage sans retour…
Paris, Versailles, puis Bourges !
Arrivés à Paris, José et sa famille ne parlent pas un mot de français. Ils séjournent à Versailles dans l’appartement réservé pour les vacances, puis dans deux autres. La demande d’asile politique est formulée rapidement et l’administration leur attribue un logement le temps de rendre sa décision. C’est ainsi que José, sa femme et ses deux enfants (la fille de 13 ans et le fils de 16 ans) découvrent Bourges, une cité dont ils ne soupçonnaient pas l’existence. Ils y posent leurs deux valises juste avant le premier confinement.
La première priorité est de s’inscrire à une formation pour apprendre le français, car personne n’en parle un traître mot dans la famille. Puis il se lance dans la recherche d’un travail. Conscient qu’il ne pouvait être en contact avec le public, il cible le secteur de la mécanique, mais aucune entreprise ne lui tend la main.
Après un point avec son conseiller Pôle Emploi, José prend la décision d’orienter ses recherches vers le secteur qu’il connaît le mieux, l’électronique. Il fait le tour de toutes les entreprises de Bourges et de sa région et n’enregistre que des réponses négatives… sauf une !
Un stage qui débouche sur une belle proposition
Librenberry, un magasin d’informatique à Bourges lui ouvre ses portes pour un stage. Nous sommes alors en 2022. A l’issue, le patron de l’entreprise fait une proposition à José : lui octroyer une partie de son local pour créer une activité de réparation de matériel – ordinateurs, tablettes, smartphones, matériel hi-fi – complémentaire à celle du magasin qui est centrée sur les logiciels.
José y voit vite une opportunité à ne pas laisser passer et accepte, d’autant qu’il ne se sent pas seul dans cette aventure. Le balancier est reparti dans le bon sens.
Il découvre l’existence de Solen Angels via une personne travaillant à la BGE. Tout s’enchaîne alors.
Une première pour Solen Angels
La première rencontre avec Alexis se déroule en février et se termine en point d’interrogation. La couveuse n’a en effet jamais eu à gérer un dossier comme celui de José, toujours sans carte de séjour. Après quelques recherches et démarches, le verdict tombe : feu vert !
José entre officiellement chez Solen Angels fin mai 2023. Il y trouve un soutien précieux car il avoue humblement ne rien connaître à l’administratif et à la comptabilité. La maîtrise de la langue a progressé mais la compréhension est meilleure que la prise de parole, où le vocabulaire manque encore un peu. Encore une fois, le fait de ne pas se sentir seul le rassure.
Les premiers clients sont arrivés via le patron de Librenberry, qui a parlé de Cheperepare, le nom aux consonnances sud-américaines (1) que José a choisi pour son activité. Le décollage est encourageant.
La petite famille a aussi trouvé sa place. L’épouse de José travaille comme maraîchère, la fille est au lycée général et le fils au lycée professionnel. Le Salvador est loin physiquement mais proche du cœur car José établit chaque jour, via internet, une connexion avec sa mère, qui y vit toujours.
Il économise en vue de lui offrir un jour un voyage en France, pour qu’elle découvre le nouveau cadre de vie de son fils. L’asile politique a été accordé mais il reste encore à recevoir la carte de séjour. Ce n’est plus qu’une question de temps.
Dans son activité, José a à cœur de développer une idée qui lui est chère, à savoir donner une deuxième vie aux objets, pour les revendre à petit prix aux gens qui en ont le besoin sans forcément les moyens. Car José est plutôt bien placé pour savoir qu’une deuxième vie est possible …
(1) Chepe est un surnom affectueux pour ceux qui portent le prénom de José.
Pour en savoir plus
Cheperapare
7 Place des 4 piliers – 18000 Bourges.
Site internet : cheperepar.net.
Tél. : 07.81.04.28.22.