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Le luxe mène à tout… à condition d’en sortir !

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Le luxe mène à tout… à condition d’en sortir !

Passer d’un village d’artisans dans la brousse sénégalaise aux plus grandes maisons de couture, connues dans le monde entier, n’est pas une utopie. La preuve, Constance Huin l’a fait ! Rencontre avec une couvée qui nous parle de son entreprise mais aussi de son expérience au sein de la boutique éphémère Spot 2…

Pour commencer, pouvez-vous présenter en quelques mots Villa Chimère, le projet qui vous a fait pousser les portes de Solen Angels…

« Villa Chimère est une collection de prêt à porter responsable et haut de gamme. Au départ, cette dernière était tournée vers les femmes uniquement mais cela a un peu évolué car je propose aujourd’hui aussi des créations au masculin afin de répondre à la demande.

Il y a une dimension artistique et onirique dans mon travail car je dessine sur les vêtements. J’ai toujours réalisé des illustrations sur papier, que j’emmène à la rencontre des matières. Deux univers se côtoient : celui qui sort de mon crayon et celui des tissus. Cette rencontre donne vie à quelque chose de cohérent pour moi. J’associe aussi des textes à mon univers. »Avant d’entrer davantage dans le détail, expliquez-nous votre parcours professionnel ?

« Dès la fin de mes études (1), j’ai eu l’envie d’entreprendre mais je ne me sentais pas suffisamment armée pour cela. J’ai alors effectué des petits boulots et me suis engagée dans un projet me permettant de mettre en œuvre une vision responsable de la mode. Je suis partie au Sénégal pour découvrir la mode textile à travers l’artisanat. J’ai travaillé dans un village d’artisans dans la brousse. J’ai appris le tissage, la teinture naturelle, tout en créant des gammes de vêtements. Je partais tous les six mois pour une période de trois mois environ. »

Rien ne vous prédestinait alors à ce qui allait suivre !

« C’est vrai que j’ai fait le grand écart ! Je ne gagnais pas beaucoup d’argent au Sénégal donc j’ai travaillé en parallèle pour différentes marques ; il s’agissait de postes alimentaires dans le domaine de la mode. J’ai alors beaucoup entendu qu’il fallait que je décroche une expérience significative. Et le meilleur endroit pour gagner en légitimité dans le monde de la mode est de pousser la porte des maisons de couture. Alors que j’avais démarré mes recherches, un ami travaillant chez Vuitton m’a proposé de venir le rejoindre en stage… »

Votre trajectoire a alors basculé…

« Oui car je suis resté douze ans dans l’univers du luxe. J’ai travaillé successivement chez Louis Vuitton, Chanel, Lanvin et Saint Laurent, notamment comme responsable matières. Je recherchais, sélectionnais et développais les tissus afin de les proposer au studio pour les collections et les défilés. »

Qu’avez-vous appris durant cette période ?

« Cette expérience a été un déclic car j’ai appris un métier passionnant. J’ai certes dû faire des concessions par rapport à certaines de mes valeurs profondes mais j’ai beaucoup appris. Par exemple l’exigence du travail et le fait d’être de manière permanente dans le challenge. J’ai évolué dans le monde de l’excellence et j’ai vu passer les plus beaux tissus qu’on puisse imaginer ! C’est une vraie chance.

En contrepartie, il a fallu obligatoirement faire des concessions sur ma vie personnelle… et cela ne pouvait donc durer qu’un temps ! »

Qu’est-ce qui vous a amené à quitter la capitale et à arriver dans la région ?

« Mon mari a eu une opportunité professionnelle ici. Toute la famille a suivi et j’en ai profité pour concrétiser l’idée de créer ma propre marque. Villa Chimère était née. »

Parlez-nous de vos créations…

« Je continue à travailler des matières d’exception naturelles : la soie la plupart du temps mais aussi le coton, le lin, le cachemire. Mon travail a un côté sensoriel, qui s’appuie également sur le toucher. Mes tissus viennent d’Italie et de France s’inscrivent dans une démarche éco-responsable (certifications, upcycling, circuits courts…). Je travaille avec deux couturières indépendantes sur des petites quantités, des séries limitées, des pièces uniques. Mes vêtements ont des formes amples, fluides, très agréables à porter car il n’y a aucune contrainte au niveau du corps. »

Comment vous faîtes-vous connaître ?

« Via mon site internet et mon compte Instagram. Mais les ventes n’ont pas décollé autant que je l’espérais car je manque de visibilité. Je me suis alors orientée vers les pop-up stores et les boutiques éphémères, dont le Spot 2. Cela m’a permis de constater que mon activité se passait très bien en présentiel. Le contact avec le public et les échanges avec les clients ont été précieux car ils m’ont permis de m’interroger en profondeur sur mon positionnement, qui a du coup évolué. »

De quelle manière ?

« Lorsque j’ai créé Villa Chimère, j’avais une vision très arrêtée sur un certain nombre de principes, notamment sur le côté haut de gamme. Or j’ai rencontré des gens touchés par mon univers, séduits par mes créations… mais qui étaient freinés par le prix ! J’ai décidé de réduire ma marge sur la gamme déjà produite et de faire évoluer la collection pour la rendre plus accessible »

Le Spot 2 a donc été une expérience bénéfique pour vous ?

« Oui car cela m’a aussi permis de voir clair sur ma volonté de me détacher d’un certain nombre de choses, comme par exemple le process de fabrication, pour ne garder que le geste artistique. Je développe maintenant une collection upcyclée (2) en me fournissant dans des friperies. Cela me permet de pousser encore plus loin le côté responsable de ma démarche puisque le vêtement existe déjà lorsque je m’en empare. Je le sélectionne, je me l’approprie et je le transforme avant de le vendre. Le Spot m’a obligé à sortir de ma zone de confort en profitant d’une dynamique de groupe dynamisante ».

Un mot pour conclure ?

« Tout n’est pas toujours facile et je vais sans doute reprendre un emploi en parallèle pour contribuer de manière plus significative au budget familial. Malgré cela, j’adore l’aventure que je vis. C’est la concrétisation d’un rêve d’enfant et je ne lâcherai pour rien au monde.

Pour moi, mener à bien ce projet est vital, dans le sens profond du terme ! »

(1)   BTS en Modélisme / Stylisme / Création textile puis une licence en Design de mode.

(2)   Upcycling = recyclage.

Pour en savoir plus :

Constance Huin

Tél. : 06.07.91.87.54.

Site internet : www.villachimere.com

Instagram : @ch.villachimere


Commentaires 1

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